On commence la rentrée 2017 avec un mot insupportable : startup !
Pourquoi insupportable ? Car il veut tout et rien dire, on l’utilise à tort et à travers, on le valorise ou on le dévalorise alors qu’il porte un sens et une valeur bien précise !
Petit tour des aberrations sur le mot startup :
« Je suis tout seul, donc je suis un peu en mode startup »
« On cherche un stagiaire pas payée qui veut faire 78 heures par semaines, mais l’ambiance startup chez nous est cool ! »
« On est une startup et on veut le rester ».
Et petit bonus : « On a un budget startup ».
STOP !
On va reprendre gentiment la définition et la valeur du mot avant de tuer les gens qui sortent / ont sorti les phrases précédentes.
Alors …
Vous commencez à le savoir ici sur ce blog, on part de « l’étymologie » ou la base du mot et ensuite on décortique.
STARTUP = START + UP
Start en anglais = Commencer, démarrer.
Up en anglais = En haut, au-dessus de.
Selon Wikipédia, une startup ou la traduction en français « Jeune pousse » est une entreprise innovante à fort potentiel de croissance qui fait souvent l’objet de levée de fonds.
Arrêtons-nous déjà sur cette phrase.
Jeune pousse + Entreprise + croissance + levées de fonds. À priori, rien à voir avec les phrases ci-dessus ? C’est bien, on commence à lever les clichés. On parle bien ici d’une JEUNE entreprise, qui PEUT générer une croissance très forte, et qui VIT sur des levées de fonds. (Le pourquoi, nous le verrons ensuite).
Autre définition, Les Échos :
« Une start up est une entreprise qui vient d’être lancée par ses dirigeants et actionnaires. Elle n’a pas de passé, ni probablement d’actifs corporels importants et elle évolue souvent dans un environnement technologique très mouvant. Enfin, ses flux de trésorerie disponibles sont négatifs pour quelque temps : son niveau de risque spécifique est donc très élevé ce qui explique qu’elle n’a pas d’autre choix que de se financer par capitaux propres. »
Cette définition est plutôt parfaite parce qu’elle résume parfaitement ce qui constitue une startup. Décortiquons. (J’adore ce mot).
Donc Les Échos nous parlent d’une entreprise, toujours. Elle est toute neuve car elle n’a pas de passé, et elle évolue dans un environnement très mouvant (donc incertain et risqué). Et LÀ la cerise sur le gâteau. La startup n’a PAS D’ARGENT. Donc sa trésorerie est nulle ou négative et elle n’a d’autre choix que de recourir à des financements externes : invetissements, levées de fonds, crowdfunding, etc.
Pourquoi la startup n’a pas d’argent ? Merci, excellente question.
Le business model !
Et bien parce que le principe d’une startup c’est que son business model (Système de revenus financiers) n’est pas stable ou fixe.
C’est à dire que la startup ne sait pas comment elle compte générer de l’argent, et va passer X temps à chercher son business model, le tester, le prouver, le parfaire, et le stabiliser. Une fois que ce business model est stabilisé et prouvé, la startup au sens littéral du terme meurt. Ce n’est PLUS une entreprise qui démarre et qui se cherche. C’est une entreprise tout court. Et c’est tant mieux !
La startup doit avoir un temps limité.
Une entreprise qui reste startup toute sa vie est une entreprise qui n’est pas rentable, et qui n’a pas de business model défini. Elle vit donc sur des levées de fonds, mais ne génère pas assez d’argent pour soutenir ses coûts.
Une entreprise qui a toujours eu un business model clair et défini n’a JAMAIS été une startup.
Prenons le cas d’une agence de communication. Son business model est généralement très clair : elle vends des prestations de conseils au jour ou au forfait. Elle ne cherche pas son business model pendant 10 mois, ne pivote pas, ne recoure pas à des levées de fonds. Ce n’est pas une startup.
Et prenons le cas d’une entreprise comme Facebook : au début, aucun business model ou presque. Puis, la publicité est apparue. Ensuite la régie publicitaire, ensuite le sponsoring d’événements, etc.
Le business model de Facebook a été cherché, testé, prouvé et est maintenant en action. Ce n’est plus une startup. (Et tant mieux pour eux). Et le meilleur exemple, c’est Twitter, qui n’est apparemment toujours pas rentable, et qui pourtant cartonne et recense plusieurs millions d’utilisateurs. Le mot startup est toujours adéquat, malheureusement.
Vous l’aurez compris, il n’y a pas de quoi être « fier » d’être une startup dans le sens où c’est une période de l’entreprise très risqué et périlleuse, et qu’il vaut mieux se vanter de ne PLUS être startup que de le rester toute sa vie. Être startup, c’est un peu comme être adolescent, on l’a vécu mais on y reviendrait pas pour autant ! ;-)
Lorsqu’un de vos chers amis vous dira » j’suis en mode startup j’ai un babyfoot dans la salle de repos », vous pourrez lui montrer mon article, et lui permettre de fournir autant d’efforts que possible pour brandir fièrement : je ne suis plus une startup !
Bonne rentrée à tous et bon courage aux startups et non startups !
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