Se lancer en Freelance en tant que Community manager

Ah, le freelance. Véritable eldorado des professions du numérique. Pas de patron, pas de hiérarchie, des vacances quand on veut les pieds au borde l’eau en Thaïlande …

Si réel … non.

On rembobine !

Se mettre en Freelance, c’est UN TOUT PETIT PEU plus compliqué que ça, et ça se prépare. Évidemment.

Quand on veut se mettre en Freelance, il faut se poser quelques petites questions toutes mignonnes mais qui valent le coup. Après tout c’est un changement de mode de vie plutôt drastique.

Et pour cela, rien de mieux qu’un petit comparatif (sans jugement aucun).

En général, quand tu es salarié tu as/es …

  • Un salaire fixe à chaque fin de mois
  • Une sécurité sociale
  • Une retraite
  • Un chômage
  • Une mutuelle complémentaire partiellement payée par l’employeur
  • Une carte de transport partiellement payée par l’employeur
  • Des congés payés / RTT
  • Des tickets Restos
  • Des arrêts maladies (miss you ♥)
  • Un patron (logique)
  • Des collègues
  • Une hiérarchie à respecter
  • Des horaires fixes

Ça fait beaucoup de chose, et ça peut plaire comme ça peut déplaire. Le tout est de bien se situer face à tous ces avantages et inconvénients.

Du coup, si je fais pareil avec le Freelance:

En général, quand tu es Freelance tu as/es …

  • Des clients (oui)
  • Une liberté de mouvement
  • Aucun horaire
  • Tout seul à décider
  • Selon ton statut : le packaging survie sociale : la sécu/chômage/retraite/mutuelle/etc
  • Un bureau chez toi et/ou un bureau dans un espace coworking / un bureau rien qu’à toi

Je n’étaye pas plus la liste, car j’aurais tendance à énumérer tout ce que le Freelance n’a pas vis à vis du salarié, et ce n’est pas le but de cet article. Le salarié ne démérite absolument pas ce qu’il a par ailleurs.

Le but ici est de vous montrer que c’est un véritable choix de vie que de se lancer en Freelance, et qu’il faut en assumer tous les aspects. Ou revenir à un autre mode de vie, on a le droit (et même le devoir) de se tromper.

Une fois que l’on a fait ce choix : je veux être Freelance ! Il faut actionner plusieurs leviers :

  • Quelle est ma situation financière et sociale actuelle ?
  • Quelle est la solidité de mon entourage (social & professionnel réseau) ?
  • Comment je me mets en Freelance ?

Les trois points selon moi sont liés. Je vais vous expliquer.

1) Quelle est ma situation financière et sociale actuelle ?

Vous avez décidé de vous mettre en Freelance. Certes. Mais qui êtes vous actuellement ?

Salarié(e) ?

Si vous êtes salarié(e), félicitations, vous devez partir. C’est peut-être la partie la plus difficile du processus. C’est le moment IDÉAL pour négocier une rupture conventionnelle et vous assurer de toucher le chômage (vous avez cotisé pour, vous le méritez, je crie haut et fort ces propos). Il vous sera d’une grande aide. Je l’explique dans le point suivant.

Au chômage ?

Vous êtes au chômage et vous bénéficiez donc de l’allocation de retour à l’emploi. Parfait. Vous avez un montant X par mois qui vous est alloué. Admettons 1200 euros. Cette allocation vous sera versée dans deux situations :

  • Vous êtes auto-entrepreneur : Pôle emploi applique un abattement de 50% sur votre chiffre d’affaires. Ce qui veut dire que lorsque vous déclarez 1000€ de chiffre d’affaires d’auto entrepreneur à Pôle emploi, Pôle emploi considère que vous n’avez déclaré que 500€. C’est chouette ! Comment ça fonctionne ?
    • Vous devrez déclarer votre chiffre d’affaires réalisé mensuellement, et ne vous seront versés les allocations chômage que si vous n’avez pas réalisé assez de chiffre d’affaires par rapport à votre allocation mensuelle. Je m’explique.
    • Je déclare 1200 euros de CA. Pôle emploi me déduit 50% donc 600 euros. Mon allocation mensuelle est de 1200 euros. Je vais toucher (en moyenne) 600 euros d’allocation pour ce mois.
    • Je déclare 2400 euros de CA. Pôle emploi me déduit 50% donc 1200 euros. Mon allocation mensuelle est de 1200 euros. Je ne toucherai pas d’allocation chômage ce mois-ci.
  • Vous êtes en SASU : Pôle emploi va vous demander environ 1 milliards de papiers qui attestent la création de votre entreprise : PV d’assemblée générale, KBIS, et autre jargon administratif (je n’étaye pas plus c’est trop long).
    • Vous toucherez vos allocations sans conditions de chiffre d’affaires, mais vous n’aurez pas le droit de toucher votre CA, sauf si vous devenez salarié de votre structure ou que vous vous versez des dividendes.

Seul(e) ? En couple ?

Selon votre allocation chômage ou votre trésorerie personnelle, ces paramètres sont importants. Si vous êtes seul(e), vous devrez soutenir vos dépenses tout seul (logique hein) : loyer, carte de transport/essence, nourriture, assurances, électricité, etc. C’est un coût à calculer et à anticiper. Si j’ai 1000 euros de dépenses mensuelle, je dois m’assurer de gagner au minimum 1000 euros par mois pour … et bien pour rester en vie ?

Si vous êtes en couple, cela peut être une aide forte agréable. Le/la conjoint(e) peut vous aider et vous soutenir dans cette transition financière. (ou pas selon le couple hein mais je vous laisse gérer cette partie).

2) Quelle est la solidité de mon entourage ? (pro et social) ?

Ça peut vous paraitre très accessoire, mais l’entourage et la stabilité personnelle du Freelance est très très importante.

Je ne vais pas vous mentir en vous expliquant que si vous venez de vous faire larguer, et que donc le moral n’est pas trop trop là, c’est plutôt DIFFICILE d’aller démarcher du client. ( et comme c’est un peu le principe du freelance .. bon voilà).

En sortant un peu des clichés, il est important pour le Freelance d’être stable. Car c’est lui qui porte TOUT : le démarcharge, le commercial, la relation client, la réalisation des projets, le suivi, le rendu, la facturation, l’administratif, les impôts, le RSI (rip tu me manqueras pas), etc.

Il faut donc que l’environnement du Freelance « accepte » le choix de vie du Freelance, et le supporte dans ce choix.

Niveau réseau professionnel, il faut être lucide. Si vous n’avez aucun réseau et que vous voulez vous mettre en Freelance, cela vous compliquera un peu la tâche. Mais rien n’est impossible. Si vous avez déjà du réseau, voici quelques petits conseils :

  • Relancer les gens que vous connaissez et qui sont bienveillants pour leur avertir de votre choix
  • Rentrez en interaction avec votre réseau pour les aider, apporter votre point de vue sur des discussions, afin de vous montrer présent et actif.
  • N’ayez pas peur de demander à certaines personnes de votre réseau s’ils connaissent des clients/amis qui cherchent des Freelance comme vous !
  • Faites votre pub et faites vous remarquer.

3) Comment me mettre en freelance ?

Partie la plus intéressante, mais la plus compliquée … le choix du statut.

Vous avez définitivement fait votre choix. Vous avez signé votre rupture conventionnelle, vous avez commencé à démarcher votre réseau, tout est là.

La structure fiscale …

Quel joli mot pour une prise de tête égale à un cours de physique quantique :)

DONC :

Selon tous les points précédents, vous allez adopter tel ou tel statut.

Selon moi, il y a 3 statuts qui peuvent être intéressants :

1) Auto entrepreneur :

Ce statut, très décrié toussa toussa, est GÉNIAL. Pourquoi. Car il permet de tester son activité. C’est un peu le MVP du statut d’entreprise.

Quand on se met en auto-entrepreneur, on s’inscrit en ligne, et c’est ter-mi-né. On reçoit son extrait KBIS par courrier quelques jours ensuite, ce qui nous permet de récupérer le n° de SIRET, et de créer sa première facture.

L’argent gagné finit sur le compte du Freelance, et il peut s’en servir à sa guise, sans se justifier.

Tous les trois mois, on déclare son chiffre d’affaires effectué sur le site de l’auto entrepreneur, et on paie ses cotisations sociale + impôts en même temps. Et c’est ter-mi-né.

Si vous faites du chiffre d’affaires, c’est parfait. Si vous n’en faites pas, vous clôturez votre statut en 4 minutes top chrono. Et c’est terminé.

Inconvénients :

Oui, il y a toujours des inconvénients, sinon c’est pas drôle.

  • Vous ne pouvez pas déduire vos frais. Vous êtes imposés sur votre CA, et donc même si vous avez eu 6000 euros de frais, et ben vous payez vos impôts dessus quand même.
  • Vous cotisez plutôt mal à votre retraite. Les annuités ne sont pas les mêmes qu’avec une structure fiscale « réelle ».
  • Vous ne collectez pas la TVA (c’est bien et pas bien en même temps)
  • Vous êtes limités à 33K (bientôt 66k) de chiffre d’affaires

2) EI (Entreprise individuelle)

Ce statut est intéressant sur plusieurs points de vue. C’est l’évolution logique de l’auto entreprise. Comme l’auto entreprise, le chiffre d’affaires réalisé est directement sur le compte du Freelance. Il peut donc s’en servir comme il le souhaite. Il paie ses impôts moins les charges, car en EI, on peut déduire ses frais.

Et il n’y a pas de limitation en terme de chiffre d’affaires.

Inconvénients ou particularités :

  • Contrairement au statut auto-entrepreneur, les impôts sont différenciés des cotisations sociales. Donc on payer d’une part ses cotisations sociales ( environ 35%) et ensuite, ses impôts (sur son bénéfice brut, entre 15% et 33% selon le CA réalisé)
  • La structure juridique EI est confondue avec le patrimoine personnel du Freelance. Donc si vous avez beaucoup de dette sur votre entreprise, cela vous suivra, et suivra potentiellement vos enfants, petits enfants, etc.

3) La SASU

Ce statut est le plus abouti pour un CM. Il ne fonctionne pas du tout pareil que les deux précédents : le CA réalisé est sur la boîte et vous n’avez pas le droit d’y toucher, à moins d’être salarié assimilé ou de vous verser des dividendes. Il est bien lorsque le CM a une activité économique récurrente, qui lui rapporte assez pour se payer via un salaire. Donc typiquement, si vous n’avez pas assez de contrats, il ne sert à rien d’être en SASU pour le moment.

Particularités :

  • Vous payez vos cotisations sociales séparément de vos impôts. Et ces cotisations sont sur la base de votre « salaire » ou de vos dividendes (moins chargé sur les dividendes)
  • Votre patrimoine personnel est séparé de votre activité économique.
  • Vous pouvez être « salarié assimilé », c’est à dire avoir tous les avantages du salarié sans le chômage, les tickets restos et le pass navigo (à peu près).

Je ne rentre pas dans le détail juridique des structures car je ne me substitue pas à un expert comptable ou autre professionnel compétent.

Avec mon retour d’expérience, je conseille à chacun de démarrer en Auto entrepreneur, et de choisir ensuite la forme la plus adéquate pour « officialiser » son freelance. Certains voudront avoir l’argent gagné directement sur leur compte, d’autres veulent créer une structure qui va accumuler le chiffre d’affaires, et se mettront salariés de cette structure après quelques temps … c’est à chacun de choisir !

Mais ce qu’il y a de plus important quand on veut être CM Freelance, c’est de démarcher, prospecter, veiller en permanence, et ce en plus de son travail de CM évidemment, hein ;-)

Eh, oui, ça fait pas mal de travail :-)

Alors, quel statut est le meilleur pour vous ?

Je n’ai pas parlé des coopératives ou du portage salarial car je ne connais pas vraiment le fonctionnement, mais n’hésitez pas à commenter pour en parler !

Bonne semaine à tous !

 

15 réponses à « Se lancer en Freelance en tant que Community manager »

  1. Très intéressant ton article ! J’aime bien ton approche pour les différents status d’activités, simple et clair !

  2. Il y a un point dont tu n’as pas parlé, c’est quand on est salarié, autoentrepreneur à côté, et qu’on veut passer free lance à temps plein (c’est mon projet…sur le long terme). Dans ce cas si tu quittes ton job, tu n’as droit à rien : pas d’aides puisque ton entreprise est déjà crée, pas de chômage puisque tu ne cherches pas de boulot (ou alors il faut faire croire au Pole Emploi que tu cherches un job salarié, ce qui n’est pas vrai…)

    1. Hello Aurélie,
      Alors il y a plusieurs éléments dans ton message :
      En effet si tu quittes ton job tu n’as pas d’indemnités chômage. C’est pour cela qu’il faut négocier une rupture conventionnelle avec ton employeur.
      Ensuite, l’aide ( ACCRE par exemple) oui il faut la demander dans les 60 jours après la création du statut je crois. C’est donc un peu compliqué mais il y a des techniques pour ça : rayer son statut actuel, en recréer un et demander l’accre en tant que demandeur d’emploi.
      Et ensuite, le Pôle emploi te demandera TOUJOURS si tu cherches du taff. C’est sa mission principale. Par contre, si tu te développes en auto entrepreneur, il te basculera en catégorie 5 de demandeur d’emploi, ce qui fait que tu devras quand même te déclarer tous les mois mais que tu n’as pas à justifier une recherche d’emploi. Et donc dans ce cas tu ne mens pas puisque tu es créateur d’entreprise, aidé par le pôle emploi ( dont c’est aussi la mission).

      Est-ce que mes éléments de réponse t’aident ? Dis moi si tu as besoin

      1. Merci pour ta réponse :-) Je n’avais pas connaissance de la catégorie 5 du Pôle Emploi, je vais me renseigner. Quand j’ai posé la question pour passer en autoentrepreneur à 100%, on m’a dit que je puisque l’entreprise était déjà crée, je n’avais le droit à aucune aide. Peut-être à voir avec un autre conseiller, j’ai l’impression que certains ne maîtrisent pas le sujet :-) Merci en tout cas pour les éléments de réponse qui donnent espoir.

  3. Bonjour,
    Merci pour cet article, au style d’écriture très sympa !
    Par contre concernant les statuts, j’ai pris celui d’auto-entrepreneur (micro-entrepreneur depuis 2016), et j’ai dû choisir entre EI ou EIRL, je n’ai pas l’impression que « auto-entrepreneur » soit un statut à part !

  4. Julie, je vais vous appeler Hughie… Les bons tuyaux ! Merci. Vous décrivez des process complexes de façon claire et synthétique, c’est fort agréable !

    1. Merci beaucoup Frédérique ;)

  5. Merci pour ces indications. Je me suis personnellement mis en autoentreprise, mais après 3 ans, j’a du passer par un comptable (150€/mois..) pour gérer le statut d’EI.. AU bout de 6 mois, il ‘a dit que le statut n’était pas validé (oubli ou je sais pas quoi de la part de l’administration), je suis revenu AE 6et ils ont voulu me faire payer des frais de retard pour le CFE.. Jjai payé le comptable, annulé les frais et j’ai mm pas pu faire passer mes charges (achat etc..) en frais de gestion comme je l’aurais fait pour une EI. Bref vive la France et son administration. S »ils avaient voulu faire pire, ils n’auraient pas fait mieux

    1. Bonjour Fidel, merci pour votre retour d’expérience ! Je suis en train de faire les démarches et les estimations pour passer en EI et c’est en effet un BAZAR sans nom ! Courage à vous !

  6. Avatar de Paul Bellenfant
    Paul Bellenfant

    Bonjour Julie, savez-vous quel code APE inscrire pour exercer en tant que « community manager » ?
    Car la CCI de mon lieu de domicile semble perdue… Merci de votre aide.

    1. Bonjour Paul, il faut prendre le code APE de conseil en communication. 7021Z il me semble

  7. Bonjour Paul, il faut prendre le code APE de conseil en communication. 7021Z il me semble

  8. En Sasu du coup faut-il nécessairement faire appel à un comptable ? Et d’un point de vue administratif est-ce plus lourd ?

    1. Hello, je crois (donc à confirmer) qu’il n’est jamais obligatoire d’avoir un comptable. MAIS : en SASU tu dois tenir ta comptabilité, présenter un bilan, etc donc avoir un comptable dont c’est le métier est très très fortement recommandé. Sans ça, la moindre erreur comptable ne te sera pas pardonné par le fisc/impôts/TVA etc.
      D’un point de vue administratif du coup, c’est plus lourd qu’une auto entreprise c’est sur. Mais pas plus lourd qu’une SARL.

  9. Super article. Court, concis avec un max d’infos ! Merci Julie :D’
    Pour ma part, je commence en auto-entrepreneur & suivant l’évolution de mon activité, on basculera sur un autre statut. (Important : n’oubliez pas de faire la demande d’ACCRE si vous êtes demandeurs d’emplois).

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